FELIX HOUPHOUET BOIGNY
0n l'a toujours appelé «le Vieux», et il l'est dans tous les sens du terme: par son âge, l'incontestée légitimité historique qu'il incarne; parce qu'il a toujours été le «patron» et que sa réputation de sagesse dépasse de très loin les frontières de la Côte-d'Ivoire. Sa démarche est logique, rationnelle, mais, dans un continent où l'animisme demeure le socle fondamental, elle apparaît paradoxale et très souvent magique. Il y a du devin, du prophète, du grand marabout dans ce catholique, qui reste au pouvoir, avec Bourguiba, le dernier grand créateur d'Etat de la génération de l'indépendance. Cette chance, cette baraka permanente a quelque chose de surnaturel. Et le fait que Félix Houphouët-Boigny soit un nègre si bien dans sa peau le rend mystérieux et presque suspect à q antité d'intelligences occidentales.
Tout y concourt: la légende qui entoure ses origines, son apparence timide, ses propos parfois obscurs, et même sa foi profonde. Il s'exprime avec un léger accent auvergnat, et, si limpide soit-il, on se prend toujours à chercher le sens caché de son discours: «Notre intérieur est comme la forêt, dit un proverbe de sa race, personne ne sait ce qui s'y passe.»
Houphouët naît à Yamoussoukro, à quelque 260 kilomètres d'Abidjan. A 5 ans, il est roi de la tribu des Akoués. «J'ai été immédiatment conscient, se souvient-il, qu'il suffisait que je lève le bâton pour qu'une tête tombe.» Les sacrifices humains étaient fréquents chez les Akoués. Le jeune roi rejette cette tradition. Et c'est, sans doute, l'une des raisons de sa conversion, cinq ans plus tard, pendant son séjour à l'école primaire supérieure de Bingerville. On découvre chez lui ce que Bernanos aurait appelé une «inflexible douceur». Il se dit plus modestement: «Ni débonnaire, ni dictateur.» A Bingerville, puis à l'Ecole normale et à l'école de médecine de Dakar, il entend qu'on le respecte, lui et ses frères, revenant au pays avec la réputation de «porteur de dangereuses idées sénégalaises». Qui le conduiront à son premier acte politique majeur: la création du premier syndicat de planteurs africains, en 1944.
Roi traditionnel, chef de canton administratif depuis 1940, «passé par nos écoles», ce qui était encore très exceptionnel, Houphouët est aussi, et d'abord, un paysan. Et c'est la singularité de la Côte-d'Ivoire, la cause majeure de son succès, d'en avoir toujours été une pépinière. Dès avant 1939, 95% du café et 75% du cacao produits par ce territoire l'étaient par des Africains, régulièrement grugés, en aval, par les maisons de traite et trop souvent mobilisés pour cultiver la plantation du colon. Houphouët va faire sauter ces verrous et, déjà paré de la très populaire réputation de guérisseur, il sera triomphalement élu, en 1945, représentant de la Côte-d'Ivoire à la première Assemblée constituante. Tout de suite, un coup d'éclat: la loi sur l'abolition du travail forcé; tout de suite, la phrase qui résume le mieux sa philosophie économique: «La liberté que nous réclamons n'est pas celle de dormir à longueur de journée à l'ombre de nos bois, c'est la liberté de produire, de produire librement et davantage.»
Ici débute une période étrange qui démontre que «le Vieux» est un redoutable tacticien.
Tout y concourt: la légende qui entoure ses origines, son apparence timide, ses propos parfois obscurs, et même sa foi profonde. Il s'exprime avec un léger accent auvergnat, et, si limpide soit-il, on se prend toujours à chercher le sens caché de son discours: «Notre intérieur est comme la forêt, dit un proverbe de sa race, personne ne sait ce qui s'y passe.»
Houphouët naît à Yamoussoukro, à quelque 260 kilomètres d'Abidjan. A 5 ans, il est roi de la tribu des Akoués. «J'ai été immédiatment conscient, se souvient-il, qu'il suffisait que je lève le bâton pour qu'une tête tombe.» Les sacrifices humains étaient fréquents chez les Akoués. Le jeune roi rejette cette tradition. Et c'est, sans doute, l'une des raisons de sa conversion, cinq ans plus tard, pendant son séjour à l'école primaire supérieure de Bingerville. On découvre chez lui ce que Bernanos aurait appelé une «inflexible douceur». Il se dit plus modestement: «Ni débonnaire, ni dictateur.» A Bingerville, puis à l'Ecole normale et à l'école de médecine de Dakar, il entend qu'on le respecte, lui et ses frères, revenant au pays avec la réputation de «porteur de dangereuses idées sénégalaises». Qui le conduiront à son premier acte politique majeur: la création du premier syndicat de planteurs africains, en 1944.
Roi traditionnel, chef de canton administratif depuis 1940, «passé par nos écoles», ce qui était encore très exceptionnel, Houphouët est aussi, et d'abord, un paysan. Et c'est la singularité de la Côte-d'Ivoire, la cause majeure de son succès, d'en avoir toujours été une pépinière. Dès avant 1939, 95% du café et 75% du cacao produits par ce territoire l'étaient par des Africains, régulièrement grugés, en aval, par les maisons de traite et trop souvent mobilisés pour cultiver la plantation du colon. Houphouët va faire sauter ces verrous et, déjà paré de la très populaire réputation de guérisseur, il sera triomphalement élu, en 1945, représentant de la Côte-d'Ivoire à la première Assemblée constituante. Tout de suite, un coup d'éclat: la loi sur l'abolition du travail forcé; tout de suite, la phrase qui résume le mieux sa philosophie économique: «La liberté que nous réclamons n'est pas celle de dormir à longueur de journée à l'ombre de nos bois, c'est la liberté de produire, de produire librement et davantage.»
Ici débute une période étrange qui démontre que «le Vieux» est un redoutable tacticien.
Par Diomandé l'enfant de Côte d'Ivoire
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